Mari et Femme

MARI ET FEMME

un jour, vrai ou faux, on dit qu'un homme cheminant, besace au dos, makhila à la main, entra dans une maison écartée d'un village.
La maitresse de maison filait au coin du feu, et l'homme lui pria de lui permettre d'allumer sa pipe.
Elle accepta puis commença la conversation:
- et d'où venez-vous, homme?
- je viens... de l'Autre monde, répondit-il

La femme, naguère veuve, s'était remariée.
- Ah! s'écria-t-elle, pourriez-vous, par fortune, nous donner des nouvelles de notre Pierre, mon défunt mari?
- oui, certainement! répondit l'homme. Il n'est pas mal, mais aurait grand besoin d'habits neufs, et de sous aussi, comprenez-vous!
- Ho! pauvre homme! dans ce cas, pourriez-vous lui porter de ma part un petit paquet d'habits et ces quelques pièces d'argent?! demanda la femme.
- Hé ma foi! de bon coeur! répondit l'homme.
Sitôt dit, sitôt fait. l'homme prend le paquet d'habits que lui tend la femme, et empoche les pièces.
En partant il promet:
- avant qu'il soit longtemps, ceci sera à lui!

Le second mari, qui était dehors, rentra chez lui aussitôt après le départ du filou.
Sa femme lui dit alors:
- vous ne savez pas? je viens d'apprendre des nouvelles de Pierre, mon mari!
- et que dis-tu, femme? aurais-tu perdu la tête??
- que nenni, répond la femme, un homme est venu de l'autre monde, a passé par ici et m'a donné de telles nouvelles ! Moi, je l'ai chargé de tel paquet, et quelques sous, pour Pierre!

L'homme en colère s'écrie:
- Diantre soit de la sotte femelle!!!
Il va aussitôt à l'écurie, saute sur sa jument et court par des chemins de traverse après le voleur.
Le voyageur aperçut au loin qu' un cavalier suivait sa piste.
Sans vraiment savoir ce que c'est, il prend peur.
Vite, il cache derrière un fourré, son paquet, et revient s'assoir en homme fatigué au bord de la route.

le cavalier arrivé près de lui , lui dit:
- avez-vous vu, homme, quelqu'un passer par ici avec un paquet de linge sur le dos?
- oui! à l'instant! répond l'autre. il vient de passer!
- et de quel côté est-il allé?
- il a quitté le grand chemin, et a pris par ce ravin.
- parfait! voudriez-vous me garder une minute ma jument, afin que j'aille voir de plus près?
- mais bien sûr! avec plaisir! répondit l'homme.
Il met sa jument entre les mains du voleur, et s'enfonce à la hâte dans la forêt.
Le "revenant" prend son paquet de linge qu'il avait caché, enfourche la jument et s'échappe au grand galop.

De l'autre côté, notre pauvre homme ayant couru à pied, par-ci,par-là, écrasé de fatigue, revient au lieu où il avait laissé sa jument.
Mais, il n'y trouve ni homme, ni bête!! lors il se gratte la tête en se disant:
- le coquin! Il ne t'a pas mal dupé, toi aussi!!

Et, le coeur gros, il regagne sa maison.
Du plus loin que sa femme l'aperçut, elle s'écria:
- Eh bien, homme, qu'avez-vous fait?
Et l'homme de lui répondre:
- Eh bien... pour qu'il arrivât plus vite en l'Autre monde, je lui ai aussi donné ma jument!

Ecxellente histoire ma Louve !...
Ha ! ces hommes et leur fierté !

n'est-ce pas! elle m'a bien fait rire, hier au soir, quand je l'ai lu dans mon gros bouquin!
je l'ai recueilli dans le livre "Le Grand Livre des Contes Populaires de France"
présenté par Claude Seignolle! un vrai trésor, ce bouquin!!!

Comme quoi la parité est bien respectée dans ce conte!

absolument!