Et cela aussi passera...

Un Conte recueilli dans l'un des recueil de Gougaud :
"l'Arbre d'Amour et de Sagesse" - Edtion Points -

... et suite à la phrase pleine de vérité de Francis dans l'une de nos discussions des "Pensées":

Citation :

Ce que tout le monde oublie, c'est que le puissant d'aujourd'hui sera le faible de demain. Seul celui qui possède peut perdre quelque chose.

Voici donc ce Conte intitulé :

"Et cela aussi passera"

Un musicien errant, un jour, allait sa route.
C'était un homme simple; sa vie ne l'était pas et pourtant, il l'aimait.
Or, ce jour-là (c'était un matin gris d'automne), comme un clocher lointain émergeait de la brume, le chant qu'il fredonnait pour alléger ses pas s'étrangla soudain dans sa gorge.

Là, dans le champ voisin, un pauvre homme courbé sous le joug et le fouet tirait une charrue que son maître menait.
"comment peut-on traiter les gens comme des bêtes?" pensa le voyageur, pris de pitié rageuse.
A travers le labour, il vint à l'attelage:

- Honte sur toi! dit-il au tourmenteur d'esclave. Cet homme que tu forces à trimer comme un âne n'ose pas te cracher la vérité en face. Je le ferai pour lui: Ton âme est un caillou, ta tête un désert sombre. Ne t'a-t-on pas appris que nous sommes tous frères? Bandit!! Coquin, Malandrin d'un autre âge! Bafoueur illégal de dignité humaine!!

Et il brandit son bâton, lorsqu'il entend:
- de quoi te mêles-tu? lui dit le tourmenté. Le Bien, le Mal, Tout passe, et cela aussi passera.

Tandis que son bourreau riait benoîtement en haussant les épaules, l'homme sans autre mot se remit au labeur.

Le brave musicien, pantois comme devant la lune en plein midi, pensa:
"...un escalve avocat du méchant qui l'oprrime! seigneur, où va le monde?" puis il s'en alla, le pas tout à coup indécis.

Un proverbe prétend que l'on ne court jamais deux fois la même route.
Un autre affirme le contraire : "par où tu es parti, par là tu reviendras".
C'est le deuxième qui dit vrai.
Le redresseur de tort, son violon à l'épaule, après trois ans d'errance un jour vint à passer au bord du même champ.
Il se souvint, fit halte, et ses yeux s'allumèrent.
Au loin, dans le labour, allait une jument que gouvernait l'esclave enfin libre et prospère.
Son allure était franche, il était bien vêtu.
Il faisait sa semaille à grands envols tranquilles.

Le voyageur surpris, s'en fut le saluer:
- Grâce au ciel, lui dit-il, vous avez survécu!! Mieux, vous me semblez riche, et votre tortionnaire a-t-il été puni comme il le méritait?
- Le seigneur d'à côté l'a fait assassiner, répondit le bonhomme. Il avait parait-il, séduit sa jeune épouse. On m'a donné ses terres.
- Ami, j'en suis heureux. Vous avez raison d'avoir confiance en un Dieu, lui dit le musicien en lui serrant les mains. Voilà votre avenir désormais assuré.

L'homme sourit reprit le sillon de sa marche, et répondit ceci:
- pas plus qu'hier, dit-il. le Bien, le Mal, tout passe. Et cela aussi passera.




Voilà... je dirais même que ce conte va au-delà de ce qui est dit plus haut... c'est un peu la "roue qui tourne", et rien n'est jamais immuable.
ce que nous étions un jour, nous ne le srons peut-être plus demain...
ceci permettant alors d'apporter une valeur juste à ce que nous vivons...

Ceci étant , pour la deuxième partie de la phrase de Francis, citée plus haut: "seul celui qui possède, peut perdre quelquechose"
là aussi, il y a multes contes fabuleux qui s'y rapportent!
Et je vous en remercie bien, car cela m'a donné l'idée d'un prochain spectacle!!
Par exemple, vous avez le Conte déjà déposé ici, intitulé :
"la chemise de l'homme content"
ou bien encore, un peu détourné, "la Joyeuse Misère".

Merci à vous pour tous ces échanges enrichissants!

Merci à toi aussi Béa car lire les contes que tu nous poses de-ci de-là dans ce jardin, sont autant de bosquets fleuris qui nous font découvrir des horizons différents de façons poétiques.

j'ai été longtemps absent et voila que je découvre ce conte qui fait jaillir maintes questions, auxquels je vais m'attacher à répondre..la misère de l'ouvrier..un peu comme pour toi.."la chemise de l'homme content

waouh j'avais zappé ce conte Béa, milles excuses car il donne à réfléchir et nous rappelle que rien n'est jamais gagné....on ne sait pas de quoi demain sera fait, on peut tout perdre, ou tout gagner...faut-il pour cela profiter des moments présents avec joie car tout peut arriver, personne n'est à l'abri, le riche ou le pauvre....

la vie est un cadeau et il faut en profiter

... et oui, chaque jour est un cadeau, un apprentissage.
Rien n'est immuable. Plus qu'effrayant (fut un temps pour moi),
aujourd'hui, ça me rassure, même lorsque tout va bien.
ha... on revient aux vagues!... il n'y a pas de véritable stabilité, ... heureusement!

C'est interessant ce que tu dis Ulysse... tu viendras développer?!
ça m'interpelle fort!

Bravo Béa pour ce conte. Il illustre parfaitement les cycles des civilisations, des retours de fortunes et des changements durant la vie.

Cela rappelle un vieil adage qui dit : L'homme de bien prepare sa future récolte et le parasite creuse sa propre tombe.

Une histoire surprenante m'est arrivé un jour; j'étais dans un restaurant, en Suisse près des Verrières. Je m'étais arrêté pour boire quelque chose avant de continuer mon chemin. Je vois un autre jeune assis près de ma table qui cherchait désespérément dans ses poches et qui aprés coup me demande;" Vous pourriez me prêter 5 Fr.? j'ai tout oublié chez moi. Son désarroi était tellement vrai, que j'ai donné les 5Fr én question me disant qu'il étaient de toute manière à fond perdu.
2 ans passèrent.. Et j'avais complètement oublié cette histoire. Un soir que j'étais allé au cinéma à Neuchâtel avec une copine, nous avions un peu tardé, et nous avons raté le train de retour de minuit. A l'époque, les voitures était plus rare. Nous sommes allés sur la route principale pour tenter de faire du stop, et subitement une voiture qui venait en sens inverse s'arrête, fait demi- tour et revient vers nous.
Le conducteur ouvre sa vitre et me demande: vous allez où?
Je lui répond à Fleurier (c'était à 30km de là) Il me dit " montez je vous ramène. Surpris de tant de gentillesse, nous sommes monté et je lui ai posé la question: pourquoi faites vous çà? et il me répond" Comment, vous ne m'avez pas reconnu? je suis celui à qui vous avez un jour donné 5Fr pour le dépanner. Je peux enfin vous rendre le service que vous m'avez fait..
Je ne le connais pas et je ne l'ai jamais revu. Mais la vie est parfois bien étrange, non?

ce vieil adage est si vrai ...et comme dans ton histoire , c'est le temps qui bien souvent, permet de le vérifier!
on pourrait ainsi le rapporter à cette citation que j'ai longtemps entendu chez moi, de la bouche de ma mère :
"on ne récolte que ce que l'on sème"...
petite, j'avais du mal à percevoir exactement de quoi il s'agissait, tout en le comprenant tout au fond.
le temps permet de mieux le comprendre au fil des âges... et j'ai encore, à chaque jour qui s'éveille, cette citation qui résonne...

les bonnes graines, ou les mauvaises...

On ne récolte que ce que l'on sème, mais l'on récolte aussi parfois ce que sème les autres.

On apprend tous les jours mais est-ce que cela sert de leçon?

Oulala, c'est pas mon jour aujourd'hui! Je file profiter du soleil avant d'avoir le bourdon

Bisous à tous

chassons, chassons le bourdon!!
Que oui!! nous récoltons ce qu'Autrui sème...cela peut s'appeler souvent un "héritage" du coeur, de la Pensée, une Mémoire commune... comme cette citation que ma mère a semé tout au long de sa vie, que j'ai récolté, et que je sème de nouveau...
Non, c'est pas le bourdon, finalement, Dame Samantha!!
après, entendent ou récoltent ceux qui le veulent bien, ou qui le peuvent!...