La main de la bergère :
Il était une fois, une fée qui aimait se déguiser en bergère. Ainsi travestie, elle s’en allait, sous les bosquets d’orangers et de grenadiers, et jouait de la mandoline. La fausse bergère, grâce à sa beauté et , peut être, à quelque mélodie magique, parvint à inspirer une grande passion à un jeune génie du voisinage qui finit par lui demander sa main.. La fée consentit à la lui accorder, s’il acceptait de son côté, que son mariage fût célébré sur une table formée de trois pierres dont elle lui fit un portrait minutieux. Le jeune homme reconnut dans la description de sa bien-aimée les pierres qui, depuis dix siècles, avaient dévalées la montagne de Fréjus pour s’entasser au bas de la gorge voisine. Réunissant toutes ses forces physiques et surnaturelles, il parvint à dresser les deux première pierre, mais fût incapable de déplacer la troisième. Accablé, il crut avoir perdu la main de la bergère.
Mais la fée, à qui il n’était pas indifférent, le prit en pitié. La nuit suivante, elle s’approcha de la pierre récalcitrante et traça autour d’elle un cercle magique. Sur le champ, une immense flamme s’éleva et fût transportée sur les deux autres. A l’aube, la bergère magicienne surveilla son amant pour partager sa joie au moment où il découvrirait le prodige. Mais le jeune homme comprit seulement qu’il était un bien modeste génie et qu’il était condamné à mourir parce qu’il aimait une fée bien plus habile que lui. Il mourut donc bientôt suivie par le fée folle de désespoir.
Cette légende ne parle pas de la troisième pierre levée. Il est probable que la croyance populaire y voyait le corps de l’amoureux pétrifié par une mort douloureuse.
Pas très gai pour une histoire de fée mais elle est tirée de contes et légendes de Provence.