Voici un livre que je n'ai encore lu mais qui est sur ma liste d'achats. je le trouve dans l'air du forum. il est tiré d'une ballade écossaise.
Langue Français Éditeur : Gallimard (29 octobre 2002)
Collection : Folio sf
Format : Poche - 370 pages
Pour s'être risqué au baiser offert, Thomas le fameux Rimeur se retrouva prisonnier de la Reine des Elfes. Grand vivant s'il en fut, et joyeux compagnon, Thomas vécut près d'elle sept années, dans les voluptueux plaisirs du royaume de Faërie, avant de retourner dans son monde premier, celui du labeur, de la peine, et de la fuite du temps.
Hanté, tourmenté par les souvenirs des splendeurs perdues, il lui fallut, malgré tout, retrouver la femme qu'il aimait, reconstruire sa harpe. Et vivre avec les cadeaux ambigus de la Reine des Elfes, le don de prophétie et la malédiction de la parole vraie.
Salué dès sa parution comme un chef-d'œuvre, mêlant action, poésie et mystère, Thomas le Rimeur a été couronné par le World Fantasy Award et le Mythopoetic Award.
Romancière new-yorkaise, Ellen Kushner est née à Cleveland (Ohio). Passionnée par l'histoire médiévale et les traditions, elle a dirigé une collection de fantasy, avant de se lancer dans l'écriture.
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Une critique intéressante sur le livre :
http://bd-livres.psychovision.net/romans/thomas-le-rimeur-095.php---------------------------------------------------
Chapitre 1Jamais violoneux pour les jours de fête N'eut la main plus leste que Jack Orion, Si bien que les belles en perdaient la tête, Séduites par le chant de son violon. De l'océan il eût tiré le sel, Et de la carrière le marbre blanc, Le lait du doux téton de la pucelle, N'eût-elle jamais eu le moindre enfant. Chanson traditionnelle et A.L. LLOYD (tirée de Child ballad n° 67, « Glasgerion»)
Moi, je suis pas un conteur d'histoire, un vrai comme le Rimeur. J'ai pas sa voix de velours, ni sa langue bien pendue. Je connais bien quelques airs, comme tout le monde, mais ils ont rien à voir avec les siens : c'est pas à moi qu'il faut demander des chansons dans lesquelles d'aimables filles franchis- sent à gué sept rivières par amour pour un perfide, de ces ritournelles si douces-amères qu'elles tirent les larmes aux vieux soldats les mieux aguerris; non plus que des refrains joyeux où des ladres cousus d'or se font soulager de leur bien à la faveur d'une parole prise à rebours ou d'une plaisanterie si bien tournée qu'un vieux grigou d'oncle qui a fait main basse sur un douaire peut quand même en rire sans prendre ombrage. Ma foi, c'est un pouvoir, pour sûr, cette musique et ces paroles, et moi, je l'ai pas, c'est clair.
Cela dit, je suis pas sûr que j'en voudrais, de ce pouvoir, même si on me l'offrait. Un des récits de Tom, justement, a pour héros Jock of the Knowe qui rentrait chez lui de la foire de Mellerstain avec une figure longue d'une aune, vu qu'il avait fait tout ce chemin avec sa vieille vache courte-corne pour la vendre, mais que personne en avait voulu. Alors voilà mon Jock qui s'en revient chez sa bonne femme sans plus d'argent que d'emplettes, et l'hiver qui sera bientôt là. Tout en suivant la route de Mellerstain avec sa vache, il se met à pester contre elle, comme qui dirait en colère: « Qu'est-ce que je ne donnerais pas pour être débarrassé de toi et pour avoir quelques pièces de bon argent dans ma bourse ?
Au même instant, il voit sur le bord de la route un homme enveloppé dans un manteau. Et l'homme lui dit: « Bonsoir à toi, Jock of the Knowe. Il est comment le lait de ta vache courte-corne ? Prenant l'inconnu pour un gars de la foire, Jock répond: «Mais voyons, cette vache-là, elle donne un lait mi-crème, mi-miel. Et si elle en donne un seau le matin, le soir, elle en donnera deux.
Là-dessus, ils se mettent à marchander l'animal. Jock se dit qu'un homme qui court les routes après la foire en quête d'une vache doit en avoir un rude besoin, alors il demande un bon prix. Tout à coup, l'inconnu, un homme de haute taille, lance: « Écoute donc, l'argent c'est bel et bon, mais je peux t'offrir quelque chose qui vaut deux fois plus, vache com- prise.» Et de sous son manteau il sort un violon. Jock lui dit qu'il sait même pas en jouer, mais l'étranger répond: «Ça fait rien, c'est le violon qui jouera pour toi. »
A ces mots, Jock comprend que cet homme du crépuscule doit appartenir à la race des Elfes. Et qu'ils ont besoin du lait de la vache pour nourrir un petit d'homme qu'ils ont volé. Dans ce cas, l'or des fées, s'il l'accepte, peut très bien se transformer en herbe et en feuilles dès le lendemain. Tandis qu'un violon magique, c'est un violon magique; où qu'on aille, les gens sont toujours prêts à payer une jolie somme pour un peu de musique. Alors, il dit: «Je prends le violon. » Et en effet, une fois le marché conclu, l'inconnu prend la vache, va se planter tout contre le flanc de la colline et frappe trois fois avec son bâton. Aussi- tôt, le versant s'ouvre et l'homme et la vache s'y engloutissent, filant tout droit vers le Pays des Elfes.
Quant à Jock, avec son violon, il mange tous les jours à sa faim - mais il a plus un seul jour de repos, vu que les gens d'un bout à l'autre de la contrée lui réclament sa musique pour leurs bals, leurs noces et tout le reste. Quant à sa bonne femme, elle voit plus guère que l'argent qu'il rapporte, car il est plus jamais chez lui à présent. Oh, et chaque fois que revient la première nuit de mai, qui est nuit de fête chez les Fées, Jock s'en va jusqu'à la colline jouer du violon. Il en voit sortir une armée de magnifiques personnages qui sont les seigneurs et les dames du Pays des Elfes et qui dansent toute la nuit au son de son crin-crin, au point qu'il en a mal aux bras et les doigts tout endoloris.
Telles que je vois les choses, c'est pas une vie, ça. Il aurait mieux fait de garder sa vache.
Mais, faut dire que je suis un homme tout simple, moi. Un modeste fermier qui vit là-haut, dans les montagnes, au-dessus du fleuve qu'on appelle Leader Water, avec une épouse, beaucoup de moutons et quelques voisins. Et les vaches, j'en vois que deux fois par an, au marché d'Earl's Market.
Le Rimeur, j'avais jamais aperçu son pareil avant de le voir arriver sur le pas de notre porte.
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quelqu'un a t'il lu ce livre ?